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Israel

par Andrev

publié dans Breizh , Bretagne , Doctrine chrétienne , Eglise , Eglise de Bretagne , Feiz , Foi , Iliz , Kelennadurezh kristen , Kleinbritannien , Kristenelezh , Kristenion , Les Saints , Preder , Vérité , identité , Israel

"Ma passion pour le Seigneur était un engagement profond"
 
Veronika Levi he deus kantroet d'ar feiz kristen. Setu un arroud eus un atersadenn anezhi.
 
Conversion de Véronique Lévy à la foi chrétienne. Interview.
 
"Enfant, j'étais attirée par l’Église, je sentais déjà dans mon cœur qu'elle était le véritable Israël. Je me cachais à l'ombre des pierres des statues de saints, à l'ombre du voile de la Vierge Marie. J'avais entendu par la bouche de l'enfant qui m'avait évangélisée, des mots du Christ : Ils me brûlaient... Ils avaient l'âpre parfum et la douceur suave de l'éternité.
Je me souviens de ce prêtre en soutane croisé dans le parc de la Pitié Salpêtrière ... ma mère y était hospitalisée pour un cancer ; Il s'est penché vers elle ; elle a eu peur et je lui dis qu'elle n'était pas catholique. Avec regret. Je n'oublierai jamais son regard quand il s'éloigna ... C'était Celui du Christ. Un regard qui déshabillait l'âme de Son amour. Dans cet univers presque carcéral de la souffrance anonyme, ce prêtre était un signe vivant de la Miséricorde sans mesure de Dieu ; il était là comme un passeur d'amour vers le Royaume.
J'ai perçu alors que l’Église était bien plus qu'une institution hiérarchique : elle était un pont entre terre et Ciel, un arc en ciel. Elle était une famille, un Corps, un Visage. Des mains pour bénir, étreindre et consoler ce qui était perdu.
-Qu'est-ce qui vous touche particulièrement dans la liturgie de l'eucharistie ?
J'avais six ans... Un jour, Coralie, une fillette de mon âge, m'emmena à l’église. La Messe fut comme un rêve. En toute Innocence, j'avançai dans la file eucharistique, attirée par l'Hostie... et je La reçus. J'ignorais qu'il fallait être baptisée pour communier... je goûtai émue, sans oser avaler cette membrane translucide posée sur ma langue comme un germe précieux. Je la laissai fondre et le germe s'ensevelit en moi. Je n'y comprenais rien mais j'étais bouleversée par ce don fragile et rayonnant d'une Présence inconnue. Je me souvenais des paroles de la Consécration : « Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon Corps. Prenez, et buvez-en tous, ceci est le Calice de mon sang... » J'étais nourrie à Cette chair et à Ce sang, comme l'embryon au ventre de sa mère. Le Dieu des chrétiens S'offrait en nourriture. Petite, cela me bouleversa. L'empreinte est demeurée, indélébile.
Encore aujourd'hui, adulte et baptisée, les paroles de la Consécration m'étonnent de leur démesure : folie de l'amour Christique livré jusqu'à l'extrémité du don et exigeant le nôtre, sans retour ; mots de feu s'incarnant dans notre chair ; comblant les soifs et les béances les plus vertigineuses.
Son Corps donné et rompu scelle la Première Alliance. Son Sang versé par amour sur la croix est celui des fiançailles de Dieu avec l'humanité : « le Sang de l'alliance nouvelle et éternelle versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».
Oui, les mots de la Consécration, à chaque Eucharistie nous saisissent et nous offrent au brasier de l'Amour trinitaire.
-Votre conversion a-t-elle été acceptée par votre famille ?
J'étais une enfant rêveuse puis une jeune fille velléitaire et fragmentée, me perdant dans l'errance des nuits blanches aux amours éphémères. Quand j'annonçai à mon frère aîné la date de mon baptême, il crut à une plaisanterie ou à une toquade. Enfin, il comprit que ma passion pour le Seigneur était un engagement profond et le sacrement de baptême, un sceau ineffaçable. Curieux, il vint à l'Appel décisif à la cathédrale Notre-Dame de Paris ; puis à la cérémonie de baptême à la Messe de la nuit de Pâque en l'église Saint-Gervais. Après avoir reçu l'eau baptismale, j'ouvris les yeux... Bernard regardait fasciné, se soutenant à un pilier à la gauche du chœur. Dans son regard embué de larmes, je crus percevoir la nostalgie d'un amour inavoué... pour le Christ.
-« Dieu ne se réduit pas aux lois figées d'un héritage, d'une empreinte héréditaire », écrivez-vous, distinguant ainsi judaïsme et catholicisme. Comment, dès lors, penser la transmission de sa foi ?
Dans le judaïsme, il y a confusion entre transmission génétique et cultuelle. Mais de laquelle parlons-nous ? Affirmer qu’on devient juif par la mère n’est-ce pas un communautarisme dénoncé pourtant dès le Deutéronome : « Soyez circoncis dans votre cœur et non dans votre chair ». N’est-ce pas surtout un obstacle à l’universalité du Salut promis à Abraham dès la Genèse ?
Certains diront qu’il n'est pas question d’un héritage racial, mais spirituel, s'inscrivant dans la tradition du talmud et de la kabbale. Mais ne s’agit-il pas là plutôt d’une quête intellectuelle, d’un secret d’initiés ? L’ésotérisme cabalistique n'est-elle pas une gnose, occultant la Lumière du Mystère divin en cherchant à se l'approprier ? Le légalisme obsessionnel du Talmud décortiquant chaque précepte du Lévitique n'a-t-il pas quelque chose d’humain et de trop humain ? Jésus le disait déjà aux Pharisiens : « Malheur à vous aussi, docteurs de la loi ! Parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que vous ne touchez pas vous-mêmes de l’un de vos doigts. » (Luc 11-46)
Au contraire, les Évangiles, loin de rompre la Tradition de la Première Alliance, l'accomplissent, en révèlent le cœur, tel que l'annonçait déjà le prophète Jérémie : « Je conclurai avec la maison d'Israël une Alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l'Alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d'Égypte : mon Alliance, c'est eux qui l'ont rompue. […] Je mettrai ma Loi au plus profond d'eux-mêmes ; je l'inscrirai dans leur cœur. [...] Ils n'auront plus besoin d'instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère. […] Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands. » Oui, tous Le connaîtront dans l’offrande de l’âme brisée d’amour, s’unissant à chaque Eucharistie, au Sacrifice Unique et éternel du Christ… Car si le Verbe éternel a assumé notre chair, c’est pour qu’y soit gravée à tout jamais Sa Royauté ; pour qu’on La reconnaisse dans l’être le plus blessé. Et s’Il a embrassé la croix, s’Il s’est laissé défigurer par nos péchés, c’est pour qu’on craigne de bafouer Son Visage adorable tressé désormais à ceux des suppliciés, des damnés de la terre… des pauvres, des parias et des fous.
Les écrits prophétiques et vétérotestamentaires convergent vers ce point de vertige réinventant l’homme au creuset du Calvaire. Un homme re-né au baptême, de l’eau et du Sang du Cœur transpercé du Christ ; un homme enfanté en l’Église, Son Corps spirituel, dont la multitude d'atomes s'unissent par le lien de la Grâce tissé aux Sacrements et au goût de Sa parole bercée en nos cœurs. Ainsi le premier commandement de Dieu s’accomplit : « Écoute Israël » ! Le Magnificat de la Vierge y répond. II couronne l’attente multi-millénaire des prophètes, patriarches, anawims… ces petits, ces humbles au cœur pur à qui il fut promis qu’ils verraient Dieu.
-Que ce soient votre frère ou le journaliste Jean-Pierre Elkabbach sur Public Sénat, certains de vos anciens coreligionnaires ont pourtant déploré votre conversion.
Peu après ma conversion, mon frère déclara au Figaro : « Le problème, c’est la foi, cette foi de ma petite sœur qui diffère, oublie, jette aux orties le commandement ''Tu feras et tu entendras'', qui est le cœur de mon judaïsme mais dont je vois bien qu’elle a perdu le sens… J’ai lu son livre. Il est beau. Mais, avec cette volonté de sauter les degrés, de courir à la conclusion qu’est la communion, avec cette façon de brûler les étapes pour arriver, en avance, au ‘Arrive Feu’ de Hölderlin, elle se situe dans un imaginaire qui n’est tout à coup plus le mien, elle a rompu la chaîne de transmission. »
Aujourd'hui, je lui réponds : non, je n’ai rien rompu, bien au contraire ! N'ai-je pas plutôt retissé ce qui avait été brisé ; ignoré des pharisiens, des docteurs de la loi, de ceux que j’appelle les portiers schismatiques ?
La Communion eucharistique est la plénitude de cette connaissance amoureuse traversant la Première Alliance. Elle accomplit son sens originel de naissance, celle d’un être se recevant d’un Autre : De Dieu et en Dieu… Elle sanctifie l’union de l’homme à la femme ou la vie consacrée en Celui qui est l’Époux, le Bien-Aimé : Notre Alpha et notre Oméga.
Le Mystère de la Rédemption et le Mystère Trinitaire révèlent ce qu'annonçaient déjà prophètes et patriarches : le Sacrifice ne peut être qu’un sacrifice de soi dans le Sacrifice unique et éternel de la Croix... Un Don sans retour. Par la bouche d’Ézéchiel, Dieu murmure : « J’arracherai ton cœur de pierre et j’y mettrai un cœur de chair ». Les commandements figés sur la pierre des tables de la loi s’incarnent dans les sept dernières paroles du Christ en agonie, offrant nos chants morts et muets, depuis le péché d’Éden jusqu’à la consomption des temps, les transfigurant dans Sa vie offerte sur le bois du calvaire. Pour la Résurrection.
Là, Il reconduit les Saintes Écritures à leur Source ; la chair et l’âme de l’humanité blessée, à l’éternité dont elle est née. Dont elle se reçoit. Par le Souffle de l’Esprit Saint l’arrachant au chaos primordial. Au néant dont Satan est le prince, mais déjà vaincu par le Mystère de la croix."
 
Hoc'h adkemer a rin a-douez ar broadoù,
hoc'h advodañ a rin a-douez an holl vroioù
evit hoc'h addegas war ho touar.
Skuilh a rin warnoc'h un dour glan,
ha glan e vezot ;
eus hoc'h holl saotradurioù,
eus hoc'h holl idolennoù hudur ho klanain.
Reiñ a rin deoc'h ur galon nevez,
ur spered nevez a lakain en ho kreiz ;
tennañ a rin eus ho korf ho kalon-vaen
evit reiñ deoc'h ur galon-gig.
Va Spered a lakain en ho kreiz,
hag e rin deoc'h kerzhout em divizadurioù,
mirout ha seveniñ va reoliadurioù.
Chom a reot er vro am eus roet d'ho tadoù ;
c'hwi a vo va fobl, ha me a vo ho Toue.
(Ezekiel 36,23
Diougan diwar-benn Menezioù Israel)
 

Tremeven (La Basse-Chapelle), Ploërmel, Bretagne

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