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Sant Weltaz

par G.G.M.

publié dans sant Weltaz - st Gildas , Breizh , Bretagne , histoire de Bretagne , Kernev - Cornouaille , Devnon

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Sant Weltaz
saint Gildas

Le nom de Gildas dérive de l'ancien breton et se trouve sous la forme de Gweltaz dans notre langue écrite, mais aussi dans le nom de nombreux lieux de Bretagne.

Saint Gweltaz naquit comme saint Patrick à Dunbarton, en 494, aux confins de la Bretagne (Glasgow, Ecosse), où son seigneur de père veillait en une forteresse qui surveillait la frontière septentrionale du pays. Comme d'autres fils de prince de l'époque, il fut envoyé très jeune dans un monastère pour y être éduqué. C'est ainsi qu'il grandit avec saint Paul et saint Samson dans les solitudes de l'abbaye de saint Ildut (Lannildud), au sud du Pays de Galles.

A l'écoute du vent salé et du silence, des oiseaux de mer et des pierres arides, il se donna assidûment à la prière comme aux travaux de la terre, à l'artisanat comme à la vie fraternelle, avec la "maturité d'un vieillard" lit-on dans la vie de don Garaby. En outre, il "donnait à l'étude la plus constante application. Ce soin, qui souvent dessèche le cœur, entretenait son recueillement; parce qu'il cherchait Dieu en tout. De là vint cet amour de la retraite, qu'il conserva toujours et qui le fit embrasser l'état religieux".

Il partie en Irlande et releva l'Eglise de là-bas. Mangeant peu, trois jours par semaine seulement, il couchait à la dure, la tête sur une pierre: sa vie, comme celle de nombreux autres de ses frères des pays celtiques, était un long sacrifice que l'Irlande et la Bretagne gardent comme un trésor depuis des siècles, et qui apporte à nos pays des fleuves de vie.

A 30 ans, il gagna l'ile d'Houat, au pays de Vannes. "On accourut à la grotte du solitaire, qui expliquait la loi divine avec une onction irrésistible". Il lui vint tant de disciples qu'il passa sur le continent pour y élever un monastère, sur la presqu'ile de Rhuys, qui devint "Lokeltaz", là où lui furent données des terres par le prince Guérec.

Mais il y eut tant de monde dans ce lieu auparavant si retiré, qu'il lui fallut trouver une nouvelle retraite où il puisse se réfugier de temps en temps. Il la trouva sur les bords du Blañwezh (Blavet), ce fleuve qui naît sur les hauteurs de la Cornouaille pour s'élargir en traversant le pays Vannetais, via Pontivy et Hennebont. C'est dans ces contrées de la Bretagne terrienne que la dévotion au saint fut la plus dense, avec des dizaines de sanctuaires et lieux-dits qui lui sont consacrés ou portent son nom: Saint-Gildas, Gweltaz, Locqueltaz… Son ermitage vannetais, Gweltaz le chérit aussi parce qu'il lui permettait de profiter de l'amitié de son ami saint Bieuzy (Biwi), qui avait sa communauté non loin de là.

De là, il parcourut les montagnes au nord de Pontivy, là où s'étend la Cornouaille orientale, entre Rostrenen et Corlay, là où aussi de nombreux lieux gardent le souvenir de saint Gweltaz: à Trémargat, Saint-Gilles-Plijeaux, Kerrien, Carnoët... C'est dans cette "Haute-Cornouaille" que l'on trouve conjointement des lieux portant le nom de deux personnages qui partagèrent avec le saint une histoire peu commune: il s'agit de sainte Tréfine et saint Trémeur, la première étant mère du second. Tréfine eut la tête tranchée par son époux, le comte Conomor, puis ce fut le tour de son fils Trémeur. De Trémeur, la légende ne dit pas s'il fut ressuscité par saint Gildas, mais ce fut par contre le cas pour sa mère. Trémeur a donné son nom à l'église de Carhaix par exemple, et Tréfine à la paroisse de Sainte-Tréphine, près de Saint-Nicolas-du-Pelem.

Dans ces légendes [1] de la foi chrétienne transparaît aussi le contexte, le fond historique et les origines de la Bretagne armoricaine que les saints marqueront justement de leur empreinte. En l'occurrence, nous voyons la figure du prince Marc Conomor, lieutenant du roi francais Childebert, et meurtrier de Jonas, ou Hoël I, souverain de Domnonée, cette principauté du nord de la Bretagne que la France convoitait pour isoler ainsi la Cornouaille et par là-même anéantir la souveraineté bretonne. Conomor est aussi une figure symbolique de ces princes bretons issus trop fraîchement de la culture païenne et qui n'hésitaient pas à recourir à des moyens très expéditifs: l'histoire de la Bretagne de l'époque est truffée d'événements analogues aux crimes de Conomor, qui fut finalement excommunié par les abbés-évêques de l'Eglise bretonne. Oui, c'est bien un contexte de violence que les "vieux saints" eurent souvent à affronter, en Armorique mais aussi et surtout sur l'ile que les Bretons abandonnaient progressivement. "Profondément affligé des désordres des bretons insulsaires, Gildas fit, pour les combattre, des écrits [2] qui prouvent sa science, son courage et son amour pour sa patrie". Il faut lire De Excidio et Conquestu Britanniae, document unique mettant en scène les événements dramatiques que la Bretagne traversait à l'époque: invasion de l'ile, épidémies, tyrannie des princes, décadence du clergé, émigration massive vers l'Armorique… et ces événements sont narrés par un témoin qui, s'il n'est pas oculaire, était cependant au fait de l'actualité de l'époque.

Saint Gweltaz passa aussi beaucoup de temps en Irlande, à l'appel de sainte Brigitte qu'il aida à relever la Foi sur l'ile-soeur de la Bretagne. Merveilleuse union des Gaëls et des Brittons. Sainte Brigitte d'Irlande était d'ailleurs très honorée en Bretagne armorique: chapelles, fontaines...

Le monastère de Lokeltaz (Saint-Gildas-de-Rhuys) tiendra debout, du moins sous sa forme celtique, pendant près de trois siècles, jusqu'aux invasions normandes des IX-Xe siècles. Saint Gweltaz mourut le 29 janvier 570 sur son ile d'Houat, après avoir prié ses frères que, à sa mort, son corps fût déposé dans une barque et laissé à la dérive sur l'océan. La barque vint accoster non loin du monastère de Lokeltaz, là ou aujourd'hui se trouve une statue du saint dans une anfractuosité de la falaise. Dans l'ancien missel de Quimper, on fête saint Gweltaz le 2 février.

Certains distinguent 2 personnages différents dans la figure de saint Gweltaz: l'un né en l'actuelle Ecosse, dit "l'Albanien", et  l'autre plus au sud de la Bretagne, au Pays-de-Galles, dit "le Sage".

Saint Gweltaz est né le jour de la victoire de Mont-Badon, comme il se plait de le rappeler dans son livre De Excidio et Conquestu Britanniae. Cette victoire fut remportée dans le sud de l'ile de Bretagne par le roi Arthur sur les Saxons.

 

[1] Par légendes, il ne faut pas comprendre des choses incertaines du passé, voire qui n'ont jamais existé. Au contraire, la légende veut rapporter des faits bien réels mais dont la façon de les conter a évolué d'une façon plus ou moins heureuse et ne peut être donc prétexte à négation. De plus, les miracles de saint Gildas sont à mettre sur le compte de réalités qui nous dépassent mais que les saints de tous les temps peuvent comprendre, car ils sont fait de la Foi chrétienne et de l'intervention du surnaturel dans la vie de tous les jours, d'une façon intérieure ou extérieure.

[2] De Excidio et Conquestu Britanniae

Marv sant Weltaz, iliz Houad / Scène de la mort de saint Gildas, église d'Houat

Marv sant Weltaz, iliz Houad / Scène de la mort de saint Gildas, église d'Houat

Enez Houad

Enez Houad

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