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Brezhoneg

par Andrev

publié dans Breizh , Bretagne , Brezhoneg , Britain , Britannien , De Excidio et Conquestu Britanniae , Keltia , inculturation , sevenadur

"Sans aucun doute, le relèvement spirituel du pays demandera de grands et pénibles efforts, longs et opiniâtres. En comparaison de cela, ce sera probablement un jeu que de relever l'économie. "

 

Il ne faut pas regarder l'invasion du français en Bretagne comme un fait relevant de droits inaliénables: au contraire. Le français ne sera jamais qu'une étrangère en Bretagne.

Il ne faut pas demander aux gens s'ils veulent apprendre le breton ou faire apprendre la langue à leurs enfants, comme une chose en plus, par-dessus le marché. Il ne faut pas attendre des gens aliénés qu'ils aient la conscience de ce qu'ils devraient être en vérité, on ne demande pas aux fous ce qui est raisonnable. Quand quelqu'en va se suicider, on cherche à l'en empêcher, sans lui demander son avis.

Différents nos yeux, différente notre langue. Car les yeux voient, la langue parle selon la personne, selon son esprit, selon son cœur, les deux s'entremêlant. Mais c'est une chose très symbolique que le résultat de cet enlacement. Un Français voudra raisonner, met le Breton prise les gens de cœur.

Barbarie, que la génération d'avant délaissât son devoir de transmettre à la suivante ses biens spirituels, ou qu'elle y échoue.

En dépit de ce qu'ils pensent ou disent, les Gaulois, et les Français à leur suite, sont tombés dans la barbarie en se latinisant ainsi jusqu'à perdre leur identité. Ce ne sont que des gens aliénés.

Il est clair aussi que la Bretagne est tombée dans la barbarie en suivant l'influence de l'école française, et cela n'apporte à notre pays, malgré des apparences extérieures de richesse matérielle, que le désordre, le désespoir et la mort: un peuple qui s'exile, un alcoolisme qui augmente, une économie qui perd son impulsion, autant de signes d'un mal plus profond et plus grave qui est la ruine spirituelle, la destruction et le suicide culturels.

Voyez combien froids et indifférents restent les gens devant la ruine de notre héritage culturel… des manoirs tombent en pièces, des statues et des calvaires sont volés, des sites naturels et des bourgs sont défigurés par de honteux édifices, l'art breton présent partout, qui imprégnait tout, jusqu'à la petite cuillère, a été trahi...

Là où le français s'est répandu, dans les pays colonisés par l'empire français, on voit toujours les mêmes effets: destruction culturelle des pays colonisés, et de là, de multiples désordres. Si les pays africains ont pu récemment mettre dehors la puissance politique de l'oppresseur, ils n'ont pas retrouvé pour autant leur équilibre spirituel. Et il se peut que cela demandera des siècles de travail.

Pour la Bretagne, colonisée depuis longtemps, le mal est entré plus profondément en elle. Il s'est insinué jusqu'à la moële des os: nous sommes tous instruits par l'école française, et pis encore par l'université française, et nous ne voyons pas combien nous sommes contaminés. Le peuple, quant à lui, croit que les Bretons sont devenus des personnes en se francisant, alors que c'est le contraire qui est arrivé: ils ont perdu leur identité pour devenir des valets obéissants. Avec la culture actuelle, les gens ont atteint un niveau matériel de vie plus aisé, plus riche, et cela leur cache la décomposition et la destruction culturelles, spirituelles, qui sont parmi les pires barbaries spirituelles.

Sans aucun doute, le relèvement spirituel du pays demandera de grands et pénibles efforts, longs et opiniâtres. En comparaison de cela, ce sera probablement un jeu que de relever l'économie. Notre pays est devenu une ruine spirituelle. Et ce qui est culturel, spirituel ne se relève pas comme un château de carton avec de grands engins mécaniques: ici, il faut du temps, et l'homme qui veut se former n'a pas beaucoup d'une vie pour cela.

 

Maodez Glanndour, prêtre "Kregin mor"

Texte traduit du breton

Al liamm 1987

 

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